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Personne

Alexis Bochatay

Salvan - Les Marécottes

Le tragique destin d’Alexis Bochatay

Né le 27 novembre 1881 dans un village des Alpes suisses, aux Granges sur Salvan (Valais), Alexis Bochatay disparaît en mer au large de Terre Neuve lors du naufrage du Titanic dans la nuit du 14 au 15 avril 1912. Rien ne prédestinait pourtant ce fils de paysan et menuisier à pareille trajectoire. Unis par les liens du mariage le 11 novembre 1880, Alexis Bochatay (senior) et Louise Coquoz accueillent une année plus tard leur premier enfant Alexis et en 1885 leur fille Gasparine. Tous deux fréquentent l’école primaire des Granges. Au moment de choisir une profession, le jeune Alexis est sans doute influencé par l’essor touristique que connaît la « station climatérique » de Salvan. Avec près de 20 hôtels ou pensions et une cinquantaine de chalets à louer, cette commune de la vallée du Trient fait figure de pionnière en matière d’ « industrie des étrangers ». A l’image de Guglielmo Marconi qui y réalisa ses essais de TSF en 1895, nombreux sont les estivants en provenance d’Europe. Le jeune Alexis n’est pas insensible à ce développement. Il ne souhaite pas poursuivre l’activité de son père et il entreprend alors une formation de cuisinier dans l’un desétablissements de la commune, probablement l’Hôtel des Gorges du Triège (aujourd’hui bâtiment Marconi) ou l’Hôtel de l’Union. Au terme de sa formation, il travaille dans l’Hôtel Gay-Balmaz inauguré en 1902 et situé à un jet de pierre de sa maison natale aux Granges sur Salvan.Comme bien de ses contemporains qui partent « en place » dans les hôtels de la Côte d’Azur, il entreprend de quitter son village en 1905 pour la France. Après des emplois dans le Sud puis à Paris, il traverse la Manche pour exercer sa profession à Londres. En 1908, sur la recommandation de fidèles clients anglais, il poursuit sa carrière de chef de cuisine à bord de paquebots transatlantiques. Il se rend alors à Liverpool, siège de la White Star Line Company. Celle-ci recrute du personnel de cuisine pour ses paquebots qui effectuent tous les 15 jours laliaison Liverpool-New York. Alexis est engagé en qualité de chef de partie des viandes ou grillardin. Après plusieurs traversées, la compagnie de navigation lui propose de rejoindre les fourneaux du plus grand paquebot jamais construit, le Titanic.Alors basé à Southampton (28, Oakbank Road), le jeune Valaisan est choisi pour devenir le premier assistant du chef de cuisine, l’Anglais Charles Proctor. A raison d’une liaison transatlantique hebdomadaire et en qualité de numéro deux des cuisines, Alexis Bochatay signe un contrat lui garantissant 10 £ par mois, soit l’équivalent d’environ 5'000 francs suisses actuels. Ainsi que l’écrira le journal Le Confédéré dans un article nécrologique paru le 1er mai 1912, « Excellent cuisinier, il était très recherché, et le Titanic avait pris soin, pour sa première sortie, d’engager ce Vattel. » Même s’il sillonne l’océan, Alexis n’en est pas moins proche de sa famille. Il échange régulièrement des lettres avec celle-ci. Mieux encore, il lui adresse fréquemment une partie de son salaire notamment pour la formation de sa soeur Gasparine. Le notaire François Cergneux a ainsi authentifié les montants reçus entre 1909 et 1912. Ceux-ci avoisinent les 2'000 francs par an soit environ 40'000 de nos francs actuels ! La collision du paquebot de tous les superlatifs avec un iceberg lui sera fatale. Comme plus de1500 autres passagers, il meurt noyé dans les eaux glacées de l’Atlantique Nord. Les messages de détresse CQD (Come Quickly Distress) et SOS (Save our Souls) émis par le Titanic grâce aux appareils de la compagnie Marconi permettront d’alerter le Carpathia et de sauver plus de 700 personnes. Mais le jeune cuisinier n’a pu bénéficier des progrès de la TSF, même si les premiers pas de cette invention avaient été réalisés dans son village par Marconi 17 ans plus tôt! La disparition d’Alexis Bochatay fut officiellement notifiée le 30 juin 1912 par François Délez, officier de l’état-civil de Salvan. Sa famille fut indemnisée par la compagnie maritime ainsi que par le Titanic Relief Fund. Les 207 livres Sterling ainsi perçues au début du siècle représentaient l’équivalent d’environ 100'000 de nos francs actuels. En hommage à Alexis, ses parents et sa soeur firent ériger une pierre tombale dans le cimetière de Salvan qui, alors, jouxtait l’église paroissiale. Ce monument réalisé par le marbrier Delgrande de Sion est aujourd’hui scellé au mur est de ce
bâtiment qui arbore sur sa façade principale un cadran solaire dont la devise aurait pu figurer sur la tombe de ce jeune Salvanin : « Le temps fuit, le mérite demeure. » Léonard Pierre Closuit et Yves Fournier, avril 2012
 

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