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Culture

La Flore

Avant de fouler le sol et la flore du Tour du Ruan, un petit historique sur la végétation d’il y a plusieurs millions d’années à nos jours semble important pour situer les milieux que nous allons traverser.

En remontant le temps, on s’aperçoit que la végétation a toujours été capable de s’adapter aux conditions dans lesquelles elle se trouvait. Des plantes ont disparu, de nouvelles plantes sont nées ou d’autres ont évolué en améliorant leur système de reproduction et de survie.

Il y a environ 50 millions d’années, à l’époque du Tertiaire, si les plaines émergées hébergeaient une végétation tropicale à subtropicale avec une température annuelle moyenne de plus de 20 °C, le climat était sans doute plus dur dans les Alpes en lente formation. Et ainsi à la fin du Tertiaire, une flore riche en espèces de steppe, de désert et de montagne annonçait la flore actuelle.

Après le soulèvement des Alpes, dans la période du Quaternaire, le climat se refroidit, une flore nouvelle apparut.

Il y a 2 millions d’années avec un brusque refroidissement du climat, c’est la période des glaciations avec au moins six glaciations successives séparées par des périodes plus chaudes. 

La dernière grande glaciation est celle du Würm. Elle débuta il y a 115 000 ans pour se terminer il y a 16 000 ans. Durant cette période, toutes les Alpes étaient prises sous les glaces, à l’exception de quelques endroits dits “Massifs refuge” qui ont hébergé les essences les plus adaptées aux conditions du moment. Quant aux espèces les plus faibles, elles ont colonisé les plaines du sud.
De -16 000 à -10 000 ans, c’est l’époque “Tardiglaciaire” où un climat froid et sec laisse la place à une végétation steppique qui colonise les moraines ou pierriers abandonnés par les glaces. Les premiers arbres s’installent (pins et bouleaux) jusque vers 1400 mètres d’altitude.

De -10 000 à -8000 ans, le “Boréal”. Cette première forêt s’épaissit et monte plus haut. Les premiers mélèzes font leur apparition. Les saules et peupliers s’installent en plaine.

De -8000 à -5000 ans, “l’Atlantique” qui a un climat plus chaud et plus humide s’installe et repousse les forêts à plus de 2200 mètres d’altitude. Des feuillus comme les chênes, les ormes, les érables s’installent. Des zones plus humides en altitude laissent place au sapin blanc venu du sud des Alpes.
De -5000 à -2000 ans, le “Subboréal”. Le “Subatlantique” de -2000 ans à nos jours. Le climat change et devient plus froid et humide. La végétation est pratiquement la même qu’aujourd’hui. Les forêts perdent de l’altitude et, venu de l’est, l’épicéa tend à remplacer le sapin. Son avancée est toujours d’actualité. Il se dirige vers l’ouest à plus de 30 m par année dans certaines régions.

Les étages de la végétation


La description des étages de la végétation avec ses limites et ses zones permet de comprendre la répartition des espèces. Le Tour du Ruan a la chance de se positionner sur tous les étages de la végétation. L’altitude des limites d’étages est différente à l”adret” (exposition au soleil) ou à l’”ubac” (exposition à l’ombre). Ces deux facteurs conditionnent le niveau de température au sol et la période de lumière (ensoleillement) qui favorisent le développement des végétaux.

L’étage collinéen


C’est l’étage que l’on effleure au niveau de Sixt mais qui reste présent tout le long de notre parcours, en regardant vers l’horizon avec la plaine du Rhône, le Chablais ou encore la vallée de l’Arve. Il se situe jusque vers 900 m.

L’étage montagnard


Entre 600 et 1500 mètres, cet étage est le territoire de la vie humaine avec les villages et les infrastructures qui y sont liées. C’est là aussi que les forêts sont très denses comme dans la région du Fer-à-Cheval. C’est un milieu qui est aussi soumis continuellement aux avalanches l’hiver. C’est dans ces couloirs à avalanches que des espèces pionnières comme l’aulne, le mélèze, le bouleau, etc., colonisent le sol.L’étage “collinéen et montagnard”
Cet étage correspond à la zone cultivable et habitée toute l’année, de 400 à 1500 mètres.

L’étage subalpin


De 1200 à 2300 mètres, la transition avec l’étage montagnard se fait en douceur. Les forêts se clairsèment et finalement elles sont constituées par des arbrisseaux comme le rhododendron ou le genévrier. C’est aussi le lieu des alpages ou des résidences secondaires comme les mayens. Sur le Tour, c’est aussi à ces altitudes que l’on a construit les barrages, là où la végétation n’est pas trop importante.

L’étage alpin


De 2000 à 3000 mètres, les landes subalpines laissent la place aux pelouses rases riches en fleurs alpines très diversifiées. Les alpages de bovins et les moutons exploitent ces terrains durant la belle saison. C’est aussi sur cet étage que se déroule les 3/4 de notre itinéraire.

L’étage nival


Il s’étend jusqu’aux sommets les plus élevés. Les lichens et mousses ou encore certaines fleurs comme la renoncule des glaciers arrivent à survivre à un climat rude conditionné par de gros enneigements tardifs et continus.

Si les sols sont conditionnés par la nature du sous-sol, ils le sont aussi par le climat, l’exposition, l’altitude et la végétation.

Après ce bref tour d’horizon théorique, partons à la découverte de la flore que l’on peut observer sur le Tour du Ruan.

Premier jour, l’étape Emosson - Cabane du Grenairon chemine principalement dans l’étage alpin. A Emosson, le mélèze (Larix decidua) reste le conifère principal. L’arole (Pinus cembra) lui fait de l’ombre. Ce pin à cinq aiguilles est le recordman d’altitude! Il a su s’adapter au climat alpin. C’est un rescapé des glaciations du Quaternaire. Il est en éternel combat avec la nature pour sa reproduction. Sa croissance est lente mais il peut atteindre l’âge de 600 ans voire même 1000 ans. Il ne fructifie que vers cinquante ans et tous les six à dix ans. Ses cônes brun violacé tombent d’une seule pièce sur le sol afin de se désagréger pour libérer les graines qui ne fructifieront qu’une année plus tard en automne. Un oiseau, le casse-noix, récolte les cônes et les cache ou les enterre pour pouvoir se nourrir durant l’hiver. Il contribue ainsi grandement à la dissémination des graines et, oubliant certaines cachettes, permet aux graines d’arole de germer. On assiste là à une véritable complémentarité entre un animal et un végétal que l’on appelle la “cohabitation parfaite”.

Partout où le terrain est remué par les dangers naturels comme les avalanches ou par l’homme après de gros travaux (routes, places de parc), on trouve une plante pionnière nommée “Epilobe à feuilles étroites” ou aussi appelée “laurier de Saint-Antoine”. Ici sur ce Tour entre les étages montagnard et subalpin, elle va être un de nos fidèles compagnons. 

Cette plante aime se loger dans des terrains inhospitaliers pour d’autres plantes et en profite pour envoyer sous terre de nombreux “stolons” (tiges souterraines où la sève circule) qui sortiront tout autour de la plante mère en formant rapidement une petite colonie sur plusieurs mètres carrés. Sur la partie sommitale de la plante se trouvent les fleurs formées de quatre larges pétales roses soutenues par quatre solides sépales pourpres. La particularité de ces fleurs est de passer par deux stades: elles sont d’abord mâles puis deviennent femelles. Les plus jeunes au sommet de l’épi, qui sont au stade de mâles, avec leurs étamines desséchées, ont laissé la place à un important pistil composé à son extrémité par le stigmate. Celui-ci va s’ouvrir en récoltant le pollen des fleurs avoisinantes apporté par les insectes. Celles-ci vont germer et féconder les ovules dans l’ovaire à l’intérieur de la fleur pour en faire des graines. Ces graines mûrissent dans une capsule qui grandit au fur et à mesure que les graines croissent pour, plus tard, s’ouvrir et laisser échapper des petits parachutes de poils transportant les graines au gré du vent. C’est ainsi que l’épilobe assure sa reproduction et son rêve de grand voyageur.

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